L’agriculture intensive et les pesticides
Les nuisances de l'agriculture intensive sont immenses : gaspillage, dégradation de l'environnement, pollution par les pesticides, destruction de la souveraineté alimentaire des pays du Sud, fruits et légumes de qualité lamentable, etc.
Sachant tout cela, que faire ?
D'abord, ne pas nuire. A commencer par le choix de son alimentation : arpenter les marchés de producteurs locaux plutôt que les grandes surfaces, choisir de préférence des produits issus de l'agriculture biologique, expérimenter d'autres types d'alimentation (végétarisme, végétalisme, etc.), rejoindre une AMAP (Association de Maintien de l'Agriculture Paysanne), faire son propre jardin... Des alternatives existent ! Cependant, cette démarche reste insuffisante si nous ne sommes pas plus nombreux à refuser les tomates insipides, les pesticides ou l'agro-alimentaire industriel. Des combats politiques sont également nécessaires. Pour lutter contre l'agriculture productiviste, il est possible de participer aux actions de la Confédération paysanne, des faucheurs volontaires, ou du mouvement international Via Campesina.L'agriculture concerne la vie et l'environnement de tous les êtres vivants de la planète. Espérons qu'elle deviendra de plus en plus « un axe central de contestation et une référence de la résistance. »
Les Pesticides
Dérivés des armes chimiques mises au point pendant la première et la seconde guerre mondiale, les pesticides sont des produits toxiques conçus pour tuer les organismes vivants. Les trois grandes familles des pesticides les plus utilisés sont les insecticides, les herbicides et les fongicides. Les principes actifs de certains pesticides ont une durée de vie de plus d'une dizaine d'années. Cela signifie que, bien après leur éventuelle interdiction, ils sont toujours présents dans l'environnement. Le commerce des pesticides est une activité industrielle florissante. En 2000, les ventes mondiales atteignaient environ 28 milliards de dollars. Il s'agit d'un marché de plus en plus ouvert aux pays du Sud.
En 1997, la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales françaises mettait en évidence la présence de résidus de pesticides dans un tiers des prélèvements d'eau de consommation française (217 pesticides étaient recherchés). Le Département américain de l'agriculture estime pour sa part que 50 millions d'américains consomment une eau potentiellement contaminée par les résidus de l'agriculture. Les nappes phréatiques sont également touchées. Pour la période 1995-1998, selon l'Institut Français de l'Environnement, le pesticide atrazine est présent dans plus de 50% des cas où il a été recherché dans les eaux souterraines. Les eaux embouteillées ne sont pas forcément épargnées. Une enquête du magazine Que Choisir ? a en effet mis en évidence la présence d’atrazine dans certaines eaux de source et minérales.
La France était en 2002 le plus gros exportateur mondial de pesticides, (juste devant l'Allemagne et les États-Unis), et le troisième consommateur mondial (avec plus de 100 000 tonnes en 1999). 40 % des pesticides consommés sont utilisés pour la vigne, 10 % sont répartis vers des utilisations autres qu’agricoles (jardinage, espaces verts, voiries, etc.). Premier producteur agricole européen (plus de 20% de la production), la France est notamment le premier producteur de maïs, qui consomme plus de 40 % de la production totale européenne d'herbicides. Rapportée à la consommation par hectare, la France est cependant dans une position moyenne (environ 4,5 kg de pesticides par hectare contre 17,5 pour les Pays-Bas). Elle dispose en effet de la plus grande surface agricole utilisée (plus de 20% de la surface agricole européenne). Paradoxalement, les villes sont les endroits où l'on utilise le plus de désherbants par hectare d'espaces traités. Les golfs et équipements touristiques sont notamment de gros consommateurs d'herbicides (une surface enherbée d'un sol consomme cinq fois plus de pesticides que la même surface cultivée).
L'impact des pesticides sur la santé est difficile à évaluer : il existe une multitude de pesticides utilisés (entre 500 et 700 rien qu'en France), les études épidémiologiques sont rares*, les recherches fixant les seuils réglementaires admissibles dans les aliments sont réalisées sur des animaux, enfin, l'effet des combinaisons de pesticides est mal connu.
Néanmoins, voici quelques pistes suffisamment alarmantes : Les pesticides organochlorés (chlordane, DDT, Lindane, methoxychlor, etc.) sont considérés comme déclencheurs de tumeurs et de pathologies neurologiques (atteintes de la mémoire, dépression, maladie de Parkinson, etc.). Certains types de cancer, en particulier le cancer du sein et celui des testicules (de plus en plus nombreux) sont liés à la présence d'oestrogènes synthétiques ou xénoestrogènes dans notre environnement (produits par le DDT notamment). Ces substances sont pour la plupart toujours utilisées. Des liens ont été démontrés entre certains pesticides domestiques et des cas de leucémie ou de cancer du cerveau, de l'estomac et de la prostate. Des pesticides et des fertilisants ont été associés à l'apparition des cancers gastriques ou bronchiques, ou encore d'allergies.
Les viticulteurs français ont, selon une étude récente, un risque de cancer du cerveau dû aux pesticides de 25 % supérieur à la population générale. De manière générale, la maladie de Parkinson, les sarcomes et les cancers du cerveau sont décelés en proportion très supérieure chez les agriculteurs : 5 % chez eux contre moins de 1 % dans la population totale. Notons que selon la Mutualité sociale agricole, un agriculteur sur dix déclare avoir été victime de troubles après la manipulation de pesticides. Les pesticides constituent donc un risque de santé majeur. Chaque année, les pays du Nord interdisent l'utilisation de certains pesticides suite à la découverte de leur risques. Néanmoins, la plupart des pesticides périmés ou interdits dans les pays industrialisés sont envoyés dans les pays du Sud (des centaines de milliers de tonnes selon la FAO). Imaginons les conséquences dans ces pays où les normes de sécurité et les contrôles sont encore plus faibles que dans les pays occidentaux...
Enfin, notons que les industries ont tendance à augmenter la toxicité de leurs produits, car les espèces ciblées s'adaptent peu à peu aux produits utilisés.
Source : Le F.A.O